Quand notre enfant entre dans l’adolescence, voilà que les problèmes surgissent. Il n’aime plus rien, il est en désaccord avec vous et fait parfois des siennes.
Le conflit même s’il n’est agréable pour personne est nécessaire, en tout cas, entre les parents et les ados. Le conflit permet sans en avoir l’air de poser un cadre permettant à l’adolescent de se situer par rapport aux adultes et de faire les bons choix pour son avenir. En cette période délicate, l’ado rejette en partie ce qu’il aimait de son enfance. Il commence par se séparer de certains jouets puis refuse de pratiquer le sport dans lequel il est abonné depuis un certain temps. Rien de dramatique en soi ! Il coupe de lien avec son enfance pour prendre son indépendance. Conscient qu’il peut penser par lui-même, il ne rate donc pas non plus l’occasion de donner son avis. Rentrer dans l’adolescence, c’est trouver de nouveaux repères et une identité qui l’accompagnera dans l’âge adulte.
Mais ça ne s’arrête pas là ! Ce serait trop simple ! L’ado affirme aussi son autonomie en rejetant la parole de ses parents. J’ai bien dit la parole de ses parents et non celle de l’adulte. En effet, l’ado qu’il est en train de devenir renie en bloc ce que peut lui raconter ses parents. Non pas qu’il pense que tout ce que vous dîtes est absurde mais c’est qu’il a besoin de se détacher de vos dires pour penser par lui-même. Vous vous dîtes alors qu’il pourrait écouter sans broncher et faire à sa guise ensuite mais un ado est sincère et ne peut pas jouer double jeu. L’adolescent a vraiment besoin de se détacher ce que vous pouvez lui dire pour structurer sa pensée et confirmer ce qu’il pense être juste. Et c’est quand vous bousculez ses opinions qu’il est submergé par la colère. Mais il a besoin d’être confronté à vos dires pour justement structurer sa pensée.
Au delà des paroles qu’il rejette, l’ado ne supporte pas non plus qu’on lui dise ce qu’il doit faire. En effet, lui répéter sans cesse de ranger sa chambre, de mettre le couvert ou encore ne pas oublier de prendre son écharpe l’exaspère. Il n’aime pas cette manière d’être considéré comme un enfant. Alors le meilleur moyen pour lui de vous prouver qu’il sort de l’enfance c’est de ne pas vous obéir !
Il est en fait tout naturel de se détacher de ses parents et de voler de ses propres ailes. Et puis, l’ado c’est un petit malin. En s’opposant à ses parents, il s’assure de votre soutien inconditionnel. Il espère au fond de lui que vous ne le laisserez pas tomber aussi facilement. Et il se dit que si vous l’aimez vous pouvez tout supporter.
Par contre il ne faut pas tomber dans l’excès inverse qui est de ne rien dire à son ado quoiqu’il fasse pour la seule et bonne raison que vous voulez avoir la paix ou faire bonne impression en croyant passer pour des parents cools. Votre ado attend de vous que vous vous comportiez en parent exemplaire et garant de son avenir. En agissant avec laxisme, vous montrez à votre ado que vous avez du mal à imposer votre autorité au moment où il a plus besoin de règles et de limites. Votre ado a besoin d’être guidé sur le chemin de l’adolescence. Moins vous serez autoritaire, plus il fera de bêtises. En même temps qu’il a besoin de s’opposer à ses parents pour trouver sa place en tant qu’ado puis en tant qu’adulte, il a besoin simultanément que ses parents veillent sur lui pour lui éviter de faire des erreurs.
Dans le conflit l’ado s’exprime, expérimente et vérifie les règles et les limites. C’est parfois difficile à comprendre mais il faut s’en accommoder dans les limites de l’acceptable.
L’avis du psy : le conflit est inévitable ! Pas simplement ou seulement parce qu’il doit avoir lieu, mais parce qu’il a lieu. Donc plutôt que de rejeter ce conflit (l’éviter) ou de l’exagérer, faites-en votre allier, utilisez-le à bon escient, dans un but précis (faire comprendre quelque chose d’important à votre ado), et non pas pour des futilités (il a oublié de ranger sa chambre). Ainsi, le conflit sera constructif, utile, il aidera votre ado à avancer plutôt que d’être «destructeur» de votre lien avec votre lui.
Par Jenny Liberge.