Interview de Jean-Luc Douillard


Jean-Luc Douillard

Dans le cadre du colloque « Rencontre(s) à l’adolescence » qui auront lieu les 17, 18 et 19 novembre 2014 à La Rochelle, le psychologue clinicien, Jean-Luc Douillard répond aux questions de Toutsurmonado.

Toutsurmonado – Dans quelle démarche s’inscrit votre  motivation à organiser ce colloque ?

Jean-Luc Douillard Je suis depuis 2001 coordinateur du programme régional de prévention du suicide pour le sud de la Charente-Maritime et également président de l’association Les Passagers du Temps 17 et vice président de l’association ARCAD avec lesquelles nous organisons cette rencontre du mois de novembre.

Depuis des années, nous organisons des actions de communication, qu’elles soient à destination des professionnels (formations, conférences, journées de travail, colloques, congrès…) ou à destination du grand public (conférences, brochures, plaquettes, articles….)

Je pense que faire de la prévention et la promotion de la santé nécessite de développer des outils de communication très diversifiés pour que chacun de sa fonction (parent, professionnel, voisin, ami..) puisse y trouver un support adapté à sa réalité, à ses besoins et à son environnement.

Les espaces « pour penser » les pratiques sont aussi des temps qui permettent aux professionnels de réfléchir, d’enrichir leurs connaissances, de partager des expériences, de donner des idées, d’initier des projets.

La société est en perpétuelle construction, elle bouge sans arrêt, les adolescents sont au cœur de cette société, entourés par des adultes et des institutions peut être plus fragiles.

Pour que nos pratiques professionnelles de soignants et d’écoutants soient les plus pertinentes possibles, il faut qu’elles soient aussi « en mouvement ».

Toutsurmonado – Comment s’est fait le choix des thèmes qui seront abordés lors de ce colloque ?

Jean-Luc Douillard Nous avions organisé en 2010 un colloque à La Rochelle sur « Adolescence et internet » qui avait été très riche. J’ai depuis écrit et édité chez Odile Jacob, un livre intitulé « A la rencontre des adolescents, les écouter, les comprendre, les aider », dans lequel je défends l’idée que ce qui est essentiel dans la rencontre entre un professionnel et un adolescent, c’est le désir de rencontre bien plus que la fonction professionnelle. Ce n’est pas parce que l’on est pédopsychiatre ou psychologue que l’on réussi plus facilement la rencontre et le lien qu’un animateur dans un centre social. L’humanité et la qualité de rencontre que l’on peut accepter de proposer avec ce que l’on reste sans doute la meilleure façon de risquer « la rencontre ».

Le processus d’adolescence est un exercice difficile, douloureux pour chaque enfant qui grandit, il impose de devoir se séparer, s’individuer et se socialiser. Ce cheminement complexe nécessite et oblige à « des rencontres » multiples, expériences hétérogènes, qui pour certaines construisent et valorisent, et pour d’autres détruisent et humilient.

L’adolescence est un passage long que les adultes de proximité accompagnent au fil du temps, jour après jour, tout à côté de ces adolescents en devenir de jeunes adultes et en questionnement permanent sur ce qu’ils ont été enfants, sur ce qu’ils sont et sur ce qu’ils envisagent de devenir lorsqu’ils peuvent y penser. Ce chemin est jonché de pièges, de questions, de doutes, d’angoisses. Les multiples rencontres d’adultes vont permettre à chacun de petit à petit trouver son identité et se projeter vers un avenir pour lui, en son nom, de devenir à son tour un adulte.

Ces rencontres sont à inventer sans cesse, ce doit être des rencontres créatives.

Les professionnels de l’adolescence, quel que soit leur champ d’action, éducatif, social, médical, psychologique, judiciaire, savent que nous ne choisissons pas de se rencontrer vraiment, « ça » se fait comme naturellement. On s’attache, on tisse un lien, ou pas.

Mais si la rencontre ne va pas de soi parce que l’on veut qu’elle soit, il faut quand même se cultiver « adolescent » pour en connaître les réalités et les supports sur lesquels ils s’appuient pour se développer.

Ce colloque doit nous permettre de découvrir beaucoup de pratiques différentes de professionnels qui rivalisent de créativité pour aller à la rencontre des adolescents.

Toutsurmonado – Existe-il des thèmes plus actuels que d’autres ?

Jean-Luc Douillard Oui, il y a des thèmes plus actuels que d’autres, essentiellement guidés par les réalités quotidiennes d’une société qui change et dans laquelle grandissent les adolescents.

Par exemple, la question des écrans et du risque internet, mais aussi tout ce qui est lié aux pratiques de consommations (alcool, cannabis, alimentation..) ou encore ce qui concerne les blessures auto-infligées ou les tentatives de suicide, les actes de délinquance, la violence…

Toutsurmonado –Est-ce que ce colloque s’adresse aussi aux particuliers ?

Jean-Luc Douillard Le colloque s’adresse particulièrement aux professionnels de l’adolescence, mais bien sur, il est ouvert aux particuliers qui se posent des questions de parents, mais qui ont aussi des choses à nous dire sur ce que doit être le projet de société que l’on doit construire ensemble pour nos enfants.

Pour participer à ce colloque, inscrivez-vous en remplissant votre bulletin.

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