Lundi 17 novembre 2014, lors du colloque « Rencontre(s) à l’Adolescence » au Forum des Pertuis de La Rochelle François Marty, psychologue, psychanalyste, professeur des universités et Ex-Président du CILA, a orienté sa conférence sur « La rencontre avec l’autre, entre Narcisse et Œdipe ».
François Marty commence par expliquer qu’à l’adolescence, l’investissement narcissique (l’image de soi et la capacité à répondre au regard de l’autre qui permettent de construire son identité) et les investissements objectaux (désistement de soi pour investir l’autre) se conjuguent. Tout le travail de l’ado va consister à changer tout en restant lui-même. Son objectif est de ne pas perdre son identité alors il va se protéger narcissiquement.
Mais voilà si l’ado qu’il est, a connu des fragilités narcissiques antérieures, il va lui être difficile de construire son identité et là, se sentant menacé il va mettre en marche tout un système de défense. À la puberté, l’adolescent connaît des transformations, des transformations corporelles et des transformations psychiques. L’adolescent menacé va lutter. Il va « résister à ces transformations en gardant le sentiment de protéger son identité ». Mais « il ne peut pas rester narcissique », se replier sur lui-même sous peine de se couper du monde.
Pour se construire, il doit « accepter le négoce avec l’autre, avec l’objet ». L’adolescent doit accepter d’aller à la rencontre avec l’autre tout en apprenant à ne pas être envahi par lui et tomber sous son emprise.
François Marty précise que «l’adolescent, l’adolescente éprouve corporellement des choses qu’il n’avait jamais éprouvé précédemment et c’est cette découverte de cette génitalité en soi qui fait que l’ado regarde l’autre avec d’autres yeux ». À partir de là, l’ado va prendre conscience que derrière le père et la mère est représenté un homme et une femme.
Pour surmonter les difficultés à construire son identité, l’ado doit saisir qu’il a à faire à des êtres génitalisés. Une fois saisi ce concept, l’ado est conforté dans son narcissisme, ce qui « renforce sa propre valeur ». Et par conséquent, aura un autre regard sur ses parents. Mais pour certains ados, ce n’est pas si simple car la rencontre avec l’autre comporte des risques, des risques d’être sous son emprise ou d’être abandonné par lui. Alors l’ado va se méfier et refuser ce que propose l’autre. Il va reprocher à l’autre ce qu’il ne peut tolérer en lui. Il refuse donc de s’engager dans ce négoce et de faire des compromis. Ce qui va le fragiliser narcissiquement. Il faut donc qu’il porte un autre regard sur l’adulte. Il faut donc lui apprendre à tolérer l’influence de l’autre.
François Marty va comparer l’adolescent en difficulté à un blessé de guerre qui a subi un traumatisme. Et cet ado blessé narcissiquement, qui n’a pas les ressources suffisantes pour rencontrer l’autre doit être soutenu narcissiquement pour qu’il trouve de la stabilité. Pour accompagner l’ado, François Marty préconise l’écoute et l’intérêt à ce qu’il raconte. Sa stratégie thérapeutique est « le travail en oblique » qui consiste non pas à être face à face mais côté à côte, à regarder avec lui et le conduire à réfléchir sur lui-même, « les conduire à s’intéresser au mouvement psychique et qu’ils y trouvent du plaisir ». Il refuse que l’ado soit abordé de face dans la mesure où il est déjà fragilisé et angoissé par une situation déjà compliquée pour lui. Dans un premier temps, il vaut mieux le soutenir narcissiquement et ainsi lui redonner confiance.
Pour résumer, l’ado doit faire le deuil de l’objet d’amour pour construire son identité.