Conférence de Sébastien Dupont


Sébastien Dupont

Lors du colloque « Rencontre(s) à l’Adolescence », Sébastien Dupont, psychologue et Maître de conférences associé à l’Université de Strasbourg, a orienté son sujet sur « L’échec de la rencontre : l’adolescent face à la solitude ».

Sébastien Dupont commence sa conférence en insistant sur le fait que l’adolescent d’hier n’est pas celui d’aujourd’hui. L’adolescent d’aujourd’hui dit de la génération C soit de la génération connectée, a une multitude de possibilités de faire des rencontres grâce en partie aux réseaux sociaux tels que Facebook. Cette culture impose de fait de créer des liens, de faire des rencontres pour « donner du sens à sa vie ». Mais paradoxalement à cette culture de la rencontre qui permet de lier et de défaire des liens comme on l’entend, pour être libre, l’individu peut se sentir seul.

Dans cette liberté de créer du lien quand on le désire, la forme la plus valorisée est la culture de l’amour, pourtant la moins stable à comparer avec les rencontres sociales, amicales ou professionnels. Il semblerait cependant que ce soit la solution à la solitude.

L’individu est dans cette culture de l’identité personnelle et de l’autonomie où il se veut singulier. Mais « plus on se veut singulier, plus on veut construire une identité personnelle et la remodeler sans cesse, plus on a besoin de reconnaissance des autres ».

L’ado profite aussi de la culture de la célébrité. L’ado rêve d’être célèbre car pour lui la célébrité est une valeur en soi. Il a besoin d’être reconnu aux yeux des autres pour avoir le sentiment d’exister. Sébastien Dupont ajoute « quand on cherche la reconnaissance pour la reconnaissance, on peut utiliser n’importe quel moyen pour être reconnu y compris s’humilier, se dévaloriser (…), se mettre en danger qui permet d’obtenir la reconnaissance tant désiré ». Dans ce cas là, il faut aider l’ado à faire de nouvelles rencontres.

Mais Sébastien Dupont souligne que si l’individu se sent libre, il prend conscience que les autres le sont aussi. Cette idée devient alors angoissante et par conséquent fragilise les rencontres.

Les ados ont une vie sociale plus riche mais paradoxalement plus vulnérable. Le premier paradoxe c’est « en présence d’autrui que le sentiment de solitude persiste ». La personne n’est jamais satisfaite des rencontres, elle s’isole parmi les autres. Elle souffre de phobie sociale que le psychologue qualifie d’ « anorexie relationnelle » qui peut cependant être apprivoisée. Il existe un deuxième paradoxe, c’est quand l’objet est omnipotent dans le sens où quand on a perdu l’objet, il devient une obsession. On se repli alors sur soi-même pour ne penser qu’un l’objet perdu.

Pour construire son identité personnelle, l’ado va essayer d’obtenir la reconnaissance d’autrui en multipliant les rencontres mais si l’ado échoue dans cette quête il peut finir par se détester et nourrir la haine de soi. L’ado doit investir de nouvelles figures d’attachement en restant autonome dans sa rencontre pour se protéger si cette figure lui échappe parce que des liens n’auront pas été créés.

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