De plus en plus d’adolescents sont confrontés aux images pornographiques par le biais d’Internet. En pleine croissance et en recherche de leur identité sexuelle, ces images peuvent heurter leur sensibilité et fausser leur jugement concernant leurs relations amoureuses et sociales.
Ce qui se passe à l’adolescence :
C’est à l’adolescence que le corps change. Et en même temps que le corps se transforme, la psyché veut se faire une place. La psyché représentée par l’esprit, la pensée et les sentiments amène l’adolescent(e) à se définir comme un garçon ou une fille. Une fois que l’adolescent(e) a compris à quel sexe il appartient, il peut construire son identité et donc sa personnalité. Mais il faut un peu de temps pour que cohabitent les transformations corporelles et les transformations psychiques. En résumé, l’adolescent(e) se pose beaucoup de questions sur ce corps qui se transforme. Et c’est pourquoi il ou elle s’observe. Dans un premier temps, l’adolescent(e) va plutôt s’exprimer avec son corps (soit en en prenant soin ou à l’inverse en le maltraitant) qu’avec sa psyché qui se joue de lui.
En quoi les images pornographiques sont-elles dangereuses pour un(e) adolescent(e) ?
C’est quand son corps et sa psyché seront en adéquation que l’adolescent(e) pourra entreprendre de quitter ses parents (d’où le conflit) pour construire sa propre vie. Mais en attendant, l’adolescent(e) est vulnérable et influençable. Il n’a pas encore fait ses choix (il est entre l’enfant et l’adulte en devenir). Quand il sera prêt, il pourra quitter ses parents pour à son tour construire une relation amoureuse et fonder une famille.
Mais l’intrusion d’images pornographiques comme les films faciles d’accès sur Internet par exemple, peut bouleverser l’itinéraire d’un(e) adolescent(e). Lorsqu’un(e) adolescent(e) regarde un film porno, c’est d’abord la curiosité qui prime : celle de savoir comment se déroule un acte sexuel. Il ou elle y découvre que l’acte sexuel est facile. Sauf que dans la vraie vie, c’est plus complexe qu’il ou elle l’imagine. Généralement dans les films, l’envie et le désir des femmes n’ont pas de limites ou peu. Du coup, ces images induisent une vérité générale qui empêche les ados de se questionner et d’expérimenter les limites de leurs envies et leurs désirs. Alors que l’envie et le désir doivent être personnels et singuliers. Rappelez-vous que l’expérience est le meilleur ami de la sexualité.
Les conséquences qui peuvent en découler :
L’adolescent(e) est vulnérable. L’adolescent(e) est fragile. Son corps change et sa pensée se structure. Il faut du temps pour faire cohabiter corps et pensée et vivre avec. La sexualité joue un rôle important pendant cette période. Les ados vont ressentir le besoin de rencontrer un partenaire (dans un premier temps pour se rassurer). Mais les images pornographiques peuvent altérer cette vision. Ces images peuvent provoquer chez les adolescent(e)s une confusion dans leur esprit. Cependant, tous les ados ne vont pas tout accepter en matière de sexualité et il ou elle va vite le découvrir ! Ce qui peut être difficile à digérer pour un ado, ce sont les limites de l’autre qui se confrontent à ses envies. Soit le respect s’impose soit l’ado est frustré.
La frustration non gérée peut entraîner un ado à visionner de plus en plus de films (car faciles d’accès et non frustrant) et plus rarement devenir addict à ces images et alors se contenter de plaisirs solitaires. L’adolescent(e) se replie alors sur lui ou elle-même et cette situation peut entraîner une rupture du réseau social comme pour n’importe quelle autre addiction. .Cette rupture du lien social peut entraîner le solitaire dans un état dépressif.
Enfin, ces images peuvent mettre à mal un(e) adolescent(e) déjà complexé(e) par son corps.
En tant que parents, que faire ?
Si l’adolescent(e) évolue dans un milieu stable et équilibré, il ou elle sera en mesure de se construire sans être influencé(e) par des images trop violentes. Ceci dit, il est recommandé aux parents d’être vigilants lorsque que les ados se connectent sur Internet. En effet, les ados cherchent toujours à braver les interdits. S’il n’est pas recommandé de parler de sexualité avec ses ados (ils en parlent entre eux), il n’est pas interdit de les informer sur les dangers de la pornographie qui ne résume en rien la réalité des sentiments et des relations amoureuses.
Cela évitera bien des déboires et des complexes à vos ados.
L’avis du psy : le porno n’est pas la sexualité de M. Toutlemonde. Tout le monde sera certainement d’accord avec cela. Mais ce n’est peut-être pas une évidence pour les ados.
Tout d’abord, au-delà de la violence présente dans certains de ces films, il est surtout question du désir. Le désir est (doit être) propre à chacun et un ado doit apprendre à respecter et à écouter son propre désir et savoir où sont ses limites dans ce domaine.
Enfin, si la sexualité était aussi simple et banale que dans les films pornos, cela se saurait ! Et c’est bien parce que chaque sexualité est complexe, personnelle et mystérieuse qu’elle est à s’inventer, à s’apprivoiser et s’expérimenter avec l’autre ou seul(e) pour pouvoir plus tard, s’épanouir.Par Jenny Liberge.
Pour aller plus loin, lire également : c’est quoi un ado ?